RémySalaün.art Musique

Musique : Pratiquer un instrument

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours adoré la musique et en ai donc toujours beaucoup écouté.

Un de mes grands regrets, jusqu’à présent, était de n’avoir jamais pratiqué un instrument de musique. Personne ne jouait de la musique dans mon entourage. Un Noël, on m’avait offert un orgue Bontempi. Mais je n’avais guère d’attrait pour ce type d’instrument. Mon autre expérience musicale de jeunesse a été l’apprentissage obligé de la flûte à bec, au collège, et parallèlement bien sûr celui du solfège. Cette expérience, rébarbative à souhait, a contribué à étouffer toute velléité de pratiquer un instrument pendant longtemps. Et, adolescent, j’avais d’autres centres d’intérêt... Je suis donc demeuré un simple auditeur, certes passionné et même connaisseur dans certains genres musicaux, à défaut d’être un acteur.

Ayant toujours pratiqué le « air drums », je me suis décidé à prendre des cours de batterie au milieu des années 90. Une paire de baguettes, un pad d’exercice, un cahier de solfège rythmique et la fameuse méthode Agostini : voilà ce que le prof imposait comme « batterie ». Moi, ce que je voulais, c’était pratiquer l’instrument. Je ne voulais pas devenir batteur. Je voulais m’éclater sur une batterie. Incompréhension. Frustration.

En janvier 2020, pour mon anniversaire, ma compagne m’offre plusieurs cours de batterie. Un beau cadeau, car j’ai vraiment pu pratiquer. Enfin une approche directe de l’instrument : le prof et l’élève en vis-à-vis, chacun derrière sa batterie. Voilà qui me convenait.
Oui. Mais pour progresser, il faut posséder un instrument chez soi. Or, une batterie prend beaucoup de place et c’est bruyant. Une batterie électronique ? Non merci. De fait, j’ai dû me résoudre à ne pas prolonger l’expérience.

Point positif, la graine de musicien était plantée. Quand on élimine la batterie de la section rythmique, que reste-t-il ? Eh bien la basse, bien sûr ! Et que se passe-t-il en mars 2020 ? Le confinement est là. Et l’envie de continuer la musique aussi. Je commande donc une basse d’entrée de gamme, dans un pack avec ampli et câble. Il n’y a plus qu’à s’y mettre.

Seulement voilà : quand on est fan de John Entwistle, de Flea, de Robert Trujillo (période avant Metallica), de Robbie Shakespeare ou encore de Geezer Butler, on tombe de haut ! Mais c’est quoi ce son pourri, ces bruits parasites, ces cases trop éloignées pour mes doigts ?! Appuyer sur une touche de piano et vous avez immédiatement la note. Essayez à la basse !..
Bref, j’expérimente la complète frustration du débutant. Savoir tenir une basse, par mimétisme, c’est facile. Mais savoir s’en servir...

Quelque peu découragé, avec la fin du confinement et le retour à une activité normale, je range le matériel et ne branche la basse que très occasionnellement. Et les années passent...

Début 2024, je tombe sur le site de Daniel Durand qui partage notamment son expérience de musicien « sur le tard » au travers de son blog très pertinent. Je me reconnais dans son discours. On dirait bien que c’est le déclic que j’attendais.
Oui, on peut commencer un instrument à tout âge. Le but n’est pas de devenir professionnel, mais d’avoir du plaisir et de le partager. C’est exactement mon état d’esprit.
Alors, je ressors la basse et je m’astreins à pratiquer en moyenne 30 minutes par jour. Je commence à me sentir plus à l’aise. Et, petit à petit, j’arrive à reproduire quelques lignes de basse simples. Et surtout, ça sonne ! Je mets à profit mes connaissances informatiques, notamment en MAO, pour jouer sur des chansons dont la piste de basse est éteinte. Cela m’aide beaucoup à progresser.

Le besoin d’investir dans un nouvel instrument, en montant sensiblement en gamme, s’impose à moi. Je me dis que c’est sans doute idiot car je n’ai pas su exploiter pleinement ce que je possède déjà. Mais aucune passion n’est raisonnable. J’en sais quelque chose avec la photographie...
Alors j’épluche les références de basses actives 4 cordes sur les nombreux sites spécialisés. Et là je jette mon dévolu sur une Schecter Stiletto Stealth noir mat. Coup de foudre !
M’intéressant de plus en plus à l’instrument à proprement parler, je comprends pourquoi faire appel à un luthier est une étape indispensable quand on veut s’investir sérieusement. Je fais aussi l’acquisition d’une Cort B4 Element fretless. Je m’y fais très vite. J’adopte définitivement des cordes à filet plat, sur les deux basses. Mes doigts me disent merci.
Mon goût prononcé pour le rock, et en particulier le metal (de plus en plus en vieillissant), me fait investir dans une pédale d’effet de type « Drop ». L’idée est de pouvoir simuler des accordages non standards (plus bas) sans avoir à modifier l’instrument. Parfait pour reprendre System Of A Down par exemple.
Enfin, je déniche un magnifique ampli Ampeg d’occasion. Là, les instruments sonnent comme jamais !

Me voilà donc bien équipé et très motivé. A présent il me faut pratiquer et pratiquer encore. Je m’essaye au fur et à mesure à des tablatures plus complexes. Je consacre de plus en plus de temps à la musique, au détriment de la pratique photo. De toute façon la photographie ne m’apporte plus de plaisir depuis déjà un certain temps. J’ai la sensation d’être arrivé au bout de quelque chose. Alors que la pratique de la basse me procure beaucoup d’excitation et rapidement de la satisfaction. Je progresse. Et je n’en suis qu’au début.

Voilà en résumé comment j’en suis arrivé à enregistrer les vidéos visibles ici. La première est datée de juillet 2024. Au moment où je rédige ce texte, nous sommes fin mars 2025. Je considère que je pratique sérieusement la basse depuis une petite année. Et je n’ai jamais pris autant de plaisir à m’adonner à un hobby, à part la photographie. Alors oui, j’ai une énorme marge de progression devant moi. Oui, je simplifie certaines tablatures pour les adapter à mon niveau. Et oui, il y a souvent des approximations rythmiques.
La pratique d’un instrument n’est pas chose aisée. Mais quel bonheur !